La femme la plus courageuse du monde

(Source BFMTV).... Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, la pression se fait de plus en plus forte à l'encontre des médias russes. Une nouvelle loi promet de sévères sanctions.

"Elle est vraiment en danger." Quelques heures après son acte de bravoure en direct à la télévision publique russe, l'inquiétude est de mise autour du sort de Marina Ovsyannikova.

Lundi, au cours du journal télévisé de Channel One, l'un des plus regardés de Russie, cette productrice de 44 ans a brandi une pancarte sur laquelle elle appelait à la fin de l'invasion russe en Ukraine. "Non à la guerre. Ne croyez pas à la propagande. On vous ment, ici", pouvait-on y lire. Un engagement qui pourrait lui coûter cher.

"Normalement elle risque une amende, mais comme il s’agit de la télévision publique il est possible qu’elle risque jusqu’à 15 ans de prison", pronostique sur BFMTV Tatiana Kastouéva Jean, directrice du centre Russie/Nouveaux États Indépendants à l’IFRI.

Jusqu'à 15 ans de prison

Car depuis le début du conflit ukrainien, la pression autour des journalistes russes ou étrangers présents en Russie se fait de plus en plus forte. Le 4 mars, Vladimir Poutine, avec l'appui de la Douma, a signé une nouvelle loi introduisant de lourdes peines de prison pour toute personne publiant des "informations mensongères" sur l'armée. De fait, l'utilisation de mots comme "guerre" et "invasion" a été bannie des médias.

Des amendements, adoptés peu auparavant par les députés, prévoient également des peines pour les "appels à imposer des sanctions à la Russie", qui est confrontée à de dures mesures de rétorsion occidentales. Les contrevenants encourent des sanctions pouvant aller jusqu'à 15 années de prison.

"Actuellement elle est au commissariat, on ne connaît pas les bases légales pour lesquelles elle est retenue. Mais très clairement, depuis la loi du 4 mars, toute personne qui emploie dans un journal ou sur les réseaux sociaux le mot 'guerre' ou 'invasion', comme elle l’a fait sur cette pancarte et ce geste extrêmement fort, est menacée d’une peine de 15 ans de prison", confirme auprès de BFMTV Pauline Ades-Mevel, rédactrice en chef à Reporters sans frontières (RSF).

Enquête ouverte

Interrogé à ce sujet ce mardi matin lors d'une conférence de presse, l'ambassadeur de Russie en France, Alexeï Mechkov, confirme qu'"une enquête est ouverte" dans le cadre de cette affaire. En dépit des menaces, depuis le début de l'invasion en Ukraine, les signes de contestation de la part des médias russes se sont multipliés.

"Il faut rappeler que cet acte courageux n’est pas le seul. Il y a beaucoup de journalistes des médias d’État, et pas seulement indépendants, qui ont fait savoir qu’ils démissionnaient, qu’ils avaient honte. Il y a beaucoup de prise de conscience des journalistes qui travaillent pour ces médias publics", rajoute Pauline Ades-Mevel.

Malgré la censure, les rares médias d'opposition au régime de Vladimir Poutine poursuivent leur travail d'information. Le 25 février, avant la promulgation de cette loi, le journal russe Novaïa Gazeta avait clairement pris parti contre le conflit avec une Une qui pointait du doigt les bombardements russes.

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Lors d'une prise de parole ce mardi après-midi, Emmanuel Macron a annoncé son intention de proposer une "protection consulaire" à la journaliste.

"Nous allons évidemment lancer les démarches diplomatiques pour offrir une protection soit à l'ambassade soit aussi une protection asilaire. J'aurai l'occasion lors de mon prochain entretien avec le président Poutine de proposer cette solution de manière directe et très concrète" , a-t-il assuré.

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